Louis-Olivier Brassard Photographie

Lux Æterna, hymne aux victimes de Polytechnique Montréal

Présence éclatante Une femme tient une chandelle en mémoire de l’une des 14 victimes de la tuerie du 6 décembre 1989. Laval, 2018

Chaque 6 décembre, le Québec se recueille pour commémorer la tuerie de 1989 à l’École Polytechnique de Montréal, et plus largement les violences commises à l’endroit des femmes.

La ville de Laval a lancé un concours d’art public, ouvert exclusivement aux femmes compositrices professionnelles, pour écrire une pièce commémorant l’événement. Parmi les 14 candidatures reçues – le chiffre est de circonstances – c’est celle d’Estelle Lemire (ma mère) qui a été retenue.

Estelle Lemire, compositrice de Lux Æterna C’est avec « un sentiment de responsabilité » qu’Estelle Lemire a approché la composition de cette œuvre musicale, tournée vers l’avenir et « l’espoir de la compréhension mutuelle ». Laval, 2018

Au moment de ce tragique épisode, j’étais l’une des rares jeunes femmes étudiantes en composition, discipline jusque-là majoritairement réservée aux hommes. D’une certaine manière et comme la plupart des femmes de ma génération tentant de faire son chemin dans un monde masculin, j’ai reçu le choc de la tuerie de la Polytechnique avec un vif émoi, le plus grand des étonnements et une infinie tristesse.

— Estelle Lemire

Parole aux femmes Table de concertation en condition féminine. Laval, 2018
Recuillement autour de la rose blanche Une femme tient une rose blanche, symbole du receuillement pour les événements de Polytechnique Montréal. Laval, 2018

Pour cette série, j’ai sélectionné 14 photos rendues en noir et blanc.

L’esthétique monochrome m’apparaissait incontournable d’entrée de jeu (et fait notamment écho au film du cinéaste québécois Denis Villeneuve).

Les conditions photographiques lunaires (faible luminosité due à la situation nocturne, éclairage inégal, neige) m’ont contraint d’abandonner la finesse sur le plan technique; mais heureusement, le recours au noir et blanc masque le bruit photographique dû à l’augmentation de la sensibilité de l’appareil.

En direct Une élue témoigne de l’événement en direct sur le web avec son téléphone. Laval, 2018
14 x 14 14 femmes ont déposé 14 roses blanches en mémoire des 14 victimes de la tuerie du 6 décembre 1989. Laval, 2018
Le Carillon Le Carillon de la place Claude-Léveillée a été inauguré en 2011. Doté de 25 cloches, il a produit la mélodie pour la pièce Lux Æterna. Laval, 2018
Choristes Des étudiantes de l’Université de Montréal ont entonné en chœur les chants de la pièce. « Elles ont aujourd’hui l’âge des victimes de l’époque » souligne Estelle Lemire. Laval, 2018
Roses sous la neige Une femme dépose l’une des 14 roses en mémoire des victimes de la tuerie du 6 décembre 1989. Laval, 2018

Je suis de cette génération qui croit malgré tout dans la conciliation, l’égalité, le partage, la collégialité, l’évolution tranquille des mentalités. Je suis de celles dont les grand-mères ont obtenu le droit de vote, dont les mères ont cessé de porter le nom de leur mari et aujourd’hui mère de 3 jeunes gens de la génération #MoiAussi.

— Estelle Lemire

6 décembre 2018, on se souvient Le 6 décembre est devenu une journée emblématique de la lutte contre les violences faites aux femmes au Québec. Laval, 2018
Le symbole du recueillement Une femme assiste à la cérémonie avec une rose blanche. Laval, 2018
Justice pour les femmes autochtones Un groupe a profité de l’événement pour rappeler la condition des femmes autochtones. Laval, 2018
En lumière Des bougies ont été distribuées aux participants. Laval, 2018
Photo officielle Les principaux acteurs de la soirée posent pour une photo officielle, avec au centre, le maire de Laval Marc Demers. Laval, 2018
Dans le blanc, l’éternité 14 roses blanches ont été déposées en mémoire des 14 victimes de la tuerie du 6 décembre 1989. Laval, 2018

Cette commémoration témoigne à nouveau comment l’art – voire l’art public, chose très rare en musique, comme le fait remarquer Estelle Lemire – peut nous réunir, nous rassembler, et nous aider à mieux nous comprendre.

À nous de préserver cette lumière porteuse de souvenir et d’espoir.